C'EST BEAUOxmo Puccino et M rendent hommage aux instituteurs et institutrices

Oxmo Puccino et M rendent hommage au corps enseignant dans « Jours de gloire »

C'EST BEAUDans un nouvel album, « Jours de gloire », M et Oxmo Puccino lisent des textes d’Albert Camus et de Jean Jaurès en forme d’ode au métier d’enseignant
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

Il sort le 6 novembre, mais le moment était trop important pour ne pas en lâcher quelques morceaux. Après l’assassinat de Samuel Paty, enseignant mort pour avoir expliqué des caricatures de Charlie Hebdo à des élèves, les artistes Matthieu Chedid (alias « M ») et Oxmo Puccino ont dévoilé chacun un titre rendant hommage aux institutrices et professeurs.

Deux lectures d’Albert Camus et de Jean Jaurès, tirées de l’album « Jours de gloire », qui réunit 19 artistes, dont Jane Birkin, Camélia Jordana, Akhenaton, Grand Corps Malade Muriel Robin ou encore Abd Al Malik. Un projet en forme d’ode à la République, porté depuis 2014 par Sébastien Boudria, compositeur et professeur de musique aux conservatoires de Clichy et de Colombes, dans les Hauts-de-Seine.

Une « vision humaniste »

« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants (…) Les enfants ont une curiosité illimitée, et vous pouvez tout doucement les mener au bout du monde », dit la lettre « aux instituteurs et institutrices » de Jean Jaurès, ancien député et Président du Parti socialiste français, et l’un des rédacteurs de la loi de séparation des Églises et de l’État. C’est ce texte qu’interprète le rappeur Oxmo Puccino, et qu’a choisi et mis en musique Sébastien Boudria, « passionné de la France et de son histoire » et enfant de banlieue « conscient de ce qu’[il] doit à la République. »

« Tout est dit dans ce texte, que Jean Jaurès a écrit à 29 ans. Il transmet une vision humaniste de la société, il définit le rôle de l’instituteur, celui qui donne de l’espoir aux élèves…. On ne peut pas dire mieux », célèbre l’enseignant, touché par la mort de Samuel Paty. « C’était compliqué de faire comme si de rien n’était. Trois textes sur les 19 portent sur l’enseignement, c’est un vrai fil rouge. C’est sans doute parce que je suis enseignant. Samuel Paty est mort pour avoir enseigné la liberté d’expression, et moi c’est ce que j’ai voulu faire avec cette œuvre, il y a un parallèle évident. »

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« Sans vous, sans cette main affectueuse… »

La lettre aux instituteurs et institutrices a été lue pendant l’hommage national à Samuel Paty, tout comme la « Lettre à Monsieur Germain » d’Albert Camus, autre « tube » de la République, également présent dans « Jours de gloire ». Cette fois-ci c’est M, de son vrai nom Matthieu Chedid, qui s’y colle.

« On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité, écrit Albert Camus à son professeur, juste après avoir reçu le Prix Nobel de Littérature, en 1957. Mais quand j’en ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. » C’est beau et c’est si bien lu.

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« Samuel Paty n’a pas été soutenu »

Les élèves devraient bientôt au moins prendre connaissance de la Lettre aux instituteurs de Jean Jaurès : le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, vient d’annoncer dans Le Journal du Dimanche qu’elle sera lue à la rentrée, le 2 novembre, par les élèves du secondaire. Une bonne idée selon Sébastien Boudria : « Je trouve cela toujours positif qu’on honore la République, et un enseignant qui a fait son travail ».

Mais le professeur de musique prévient : « Il ne faudrait pas qu’on attende des choses horribles pour mettre cela au centre du jeu. Beaucoup d’enseignants sont maltraités par leur hiérarchie, mal payés, déconsidérés. Samuel Paty n’a pas été soutenu, dès qu’il y a un problème on est vite lâché. La cérémonie était formidable, mais il faut reprendre les choses à la base. Il y a un vrai problème sur les métiers de service public. Blanquer ferait mieux de distribuer aux élèves Jours de gloire ! ». Chiche, Monsieur le ministre ?

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